đŸŸ„ ProcĂ©dure pĂ©nale contre un Ă©lu CGT : une rĂ©solution abusive et illĂ©gitime du CSE

⚠ Le lendemain de la cabale, la dĂ©rive est officialisĂ©e

Le 30 octobre 2025, la CGT Stago alertait dĂ©jĂ , dans son article « Une cabale contre la CGT organisĂ©e avec les moyens du CSE », sur les dĂ©rives inquiĂ©tantes d’un comitĂ© social et Ă©conomique (CSE) instrumentalisĂ© Ă  des fins politiques et patronales.

Le lendemain, lors d’une rĂ©union extraordinaire convoquĂ©e dans des conditions perçues comme prĂ©cipitĂ©es, cette dĂ©rive s’est matĂ©rialisĂ©e : le CSE de Diagnostica Stago a adoptĂ© une rĂ©solution autorisant le dĂ©pĂŽt d’une plainte pĂ©nale contre un Ă©lu CGT Stago.

Résultat du vote : 16 voix pour, 2 contre et 1 abstention.
Sous couvert d’une apparence lĂ©gale, ce vote consacre une dĂ©rive institutionnelle majeure, susceptible de transformer le CSE en outil disciplinaire au service d’intĂ©rĂȘts extĂ©rieurs Ă  sa mission.

đŸ§Ÿ Une convocation sans urgence clairement Ă©tablie

La convocation à cette réunion extraordinaire du 31 octobre a été adressée dÚs le lendemain de la pléniÚre du 23 octobre.

Cette plĂ©niĂšre venait d’aborder la restitution du cabinet ELEAS, mandatĂ© Ă  la suite d’une demande de la CSSCT du 16 juin 2025, elle-mĂȘme consĂ©cutive au compte rendu du 13 juin.

Selon les Ă©lĂ©ments consultĂ©s, aucune urgence objective n’était pourtant constatĂ©e : il n’y avait ni danger grave, ni Ă©vĂ©nement nouveau.

Cette rĂ©union parait avoir Ă©té organisĂ©e dans un dĂ©lai trĂšs court, ce qui peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme une crĂ©ation artificielle d’une situation d’urgence permettant potentiellement d’imposer un ordre du jour orientĂ©.

Or, selon l’article L2315-28 du Code du travail, une rĂ©union extraordinaire ne peut ĂȘtre convoquĂ©e que :

  • Ă  la demande d’au moins la moitiĂ© des Ă©lus titulaires,
  • ou en cas d’évĂ©nement grave ou urgent relatif Ă  la santĂ©, la sĂ©curitĂ© ou aux conditions de travail.

Aucun de ces critĂšres n’était rempli.

Cette convocation pourrait donc relever d’un usage contestable de la procĂ©dure, susceptible d’ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme une tentative de donner une apparence de lĂ©galitĂ© Ă  une dĂ©marche de reprĂ©sailles.

đŸ”č Une contradiction rĂ©vĂ©latrice

La rĂ©union extraordinaire du 31 octobre s’inscrit dans la continuitĂ© d’un processus enclenchĂ© dĂšs juin 2025.

À cette Ă©poque, la CSSCT avait demandĂ© une enquĂȘte externe visant un Ă©lu, en l’accusant d’ĂȘtre Ă  l’origine d’un mal-ĂȘtre au sein du CSE.

Or, deux jours plus tard, le compte rendu du CSE Ă©voquait au contraire la dĂ©gradation de la situation personnelle et l’isolement croissant de cet Ă©lu.

Cette contradiction illustre, selon la CGT Stago, un traitement Ă  sens unique, oĂč la souffrance de l’élu concernĂ© aurait Ă©tĂ© effacĂ©e du rĂ©cit collectif pour justifier, plusieurs mois plus tard, une action de reprĂ©sailles.

🚹 Un fondement contestĂ©

La convocation mentionnait expressément des « déclarations au cours des réunions de CSE de septembre et octobre 2025 ».

Or, ces dĂ©clarations n’ont jamais Ă©tĂ© reproduites ni lues en sĂ©ance.

Le procĂšs-verbal d’octobre, censĂ© en rendre compte, n’était mĂȘme pas rĂ©digé au 31 octobre.
Quant aux propos de septembre, ils ont été introduits hors ordre du jour et sans lien avec les prérogatives légales du CSE.

Cette rĂ©solution semble donc avoir Ă©tĂ© prise sans base lĂ©gale contradictoire ni documentation complĂšte, sur la base d’élĂ©ments non validĂ©s, pouvant apparaĂźtre comme un prĂ©texte Ă  une mesure hostile ciblĂ©e.

🎯 Une rĂ©solution Ă  caractĂšre disciplinaire

Cette manƓuvre ne vise pas Ă  “protĂ©ger” le CSE ou son fonctionnement :

Elle vise un Ă©lu CGT Stago pour avoir dĂ©noncĂ©, dans le cadre de son mandat, des situations problĂ©matiques, en dĂ©posant plainte pour injures contre un reprĂ©sentant CFE-CGC, devant la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris, compĂ©tente en matiĂšre de diffamation et d’atteintes Ă  la libertĂ© d’expression.

PlutĂŽt que de garantir la neutralitĂ© et le pluralisme syndical, certains Ă©lus auraient privilĂ©giĂ© une logique qui peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme une forme de vengeance.

Le CSE, instance de reprĂ©sentation collective, pourrait ainsi devenir un théùtre d’une rĂ©pression institutionnelle, oĂč la majoritĂ© des membres cautionnent une action pĂ©nale contre un pair, sans dĂ©bat contradictoire rĂ©el.

đŸ§© Le cƓur du problĂšme : la disqualification d’un reprĂ©sentant

Ce vote semble s’inscrire dans une mĂ©canique connue de mise Ă  l’écart des reprĂ©sentants jugĂ©s “dĂ©rangeants”.
En transformant une action syndicale lĂ©gitime en “problĂšme individuel”, certains tentent selon la CGT, de justifier une exclusion programmĂ©e.

C’est la logique mĂȘme de la disqualification : faire passer le droit pour une faute.

⚖ Une illĂ©galitĂ© manifeste potentielle

Le CSE n’a pas de pouvoir juridictionnel pour initier une plainte pĂ©nale contre l’un de ses membres.
En vertu des articles L2141-5 et L2317-1 du Code du travail, toute mesure discriminatoire ou d’entrave Ă  l’exercice d’un mandat syndical est sanctionnĂ© pĂ©nalement.

Cette rĂ©solution expose donc ses auteurs — et potentiellement le comitĂ© dans son ensemble — Ă  un risque juridique collectif, pour dĂ©tournement de mission et entrave Ă  la libertĂ© syndicale.

📘 À savoir – Rappel juridique

  • Article L2141-5 du Code du travail :
    Aucun salariĂ© ne peut ĂȘtre sanctionnĂ©, licenciĂ© ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire en raison de son appartenance syndicale ou de ses activitĂ©s syndicales.
  • Article L2317-1 du Code du travail :
    Le fait d’apporter une entrave au fonctionnement rĂ©gulier du CSE ou Ă  l’exercice du droit syndical est puni d’un an d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende.
  • Cass. crim., 20 sept. 2016, n°15-82.122 :
    Constitue une entrave toute mesure de nature à restreindre ou à dissuader l’exercice d’un mandat syndical.

đŸ§± Un dĂ©tournement grave des missions du CSE

Ce vote constitue un prĂ©cĂ©dent d’une gravitĂ© importante.

En autorisant une plainte pĂ©nale contre l’un de ses Ă©lus, le CSE de Diagnostica Stago a potentiellement dĂ©tournĂ© sa mission pour se transformer en outil disciplinaire.

Le rĂŽle du CSE n’est pas de juger ou de sanctionner, mais de reprĂ©senter collectivement les salariĂ©s et d’assurer le respect des droits fondamentaux.

Ce vote traduit, selon la CGT, une volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e d’Ă©carter un Ă©lu CGT en instrumentalisant les moyens du CSE, avec l’appui silencieux de la direction.

La CGT Stago condamne fermement cette dĂ©rive, qu’elle qualifie de faute grave contre la dĂ©mocratie sociale.

⚖ Une atteinte caractĂ©risĂ©e Ă  la libertĂ© syndicale

En visant un reprĂ©sentant syndical sur la base d’Ă©lĂ©ments contestĂ©s ou dĂ©formĂ©s, le CSE et la direction se placent en violation des principes garanties par le Code du travail.

La liberté syndicale est une valeur constitutionnelle, et toute entrave est sanctionnée pénalement.

Ce qui s’est produit le 31 octobre 2025 constitue selon la CGT, une atteinte directe au droit de mandat, Ă  la neutralitĂ© du CSE et Ă  la protection du reprĂ©sentant du personnel.

Au-delĂ  du cas individuel, c’est le pluralisme syndical lui-mĂȘme qui est menacĂ©.

L’instrumentalisation du CSE au service d’intĂ©rĂȘts patronaux ou d’agendas personnels mine la confiance et dĂ©truit la crĂ©dibilitĂ© collective de l’institution.

✊ La CGT Stago appelle Ă  la solidaritĂ© et Ă  la vigilance

La CGT Stago condamne sans rĂ©serve cette situation institutionnelle, qu’elle qualifie de cabale organisĂ©e par la direction avec la complicitĂ© du secrĂ©tariat du CSE.

Ce vote, illégitime tant sur le forme que sur le fond, constitue une atteinte grave à la liberté syndicale et au droit de représentation.

Face Ă  cette dĂ©rive, la CGT Stago appelle l’ensemble des salariĂ©s à se mobiliser et Ă  refuser la banalisation des reprĂ©sailles syndicales.

Les élus ne doivent pas devenir des cibles.

Les instances reprĂ©sentatives du personnel ne doivent jamais servir d’arme contre ceux qui les animent et les dĂ©fendent.

✊ La CGT Stago ne se taira pas.
Elle continuera Ă  dĂ©fendre le droit, la dignitĂ© et la justice sociale, face Ă  toutes les formes d’intimidation institutionnelle.