
Épisode 1 : 2019, la sanction sur commande
Le début d’une séquence révélatrice
Février 2019. À peine le premier tour des élections professionnelles achevées, le climat social chez Diagnostica Stago se tend.
Dans un courriel daté du 26 février 2019, la déléguée syndicale CFTC adresse un message pressant à la direction : elle demande explicitement au vice-président du groupe d’agir contre un délégué syndical CGT Stago, dont le comportement lui déplaît.
Le ton est sans détour : la représentante CFTC évoque même sa difficulté à poursuivre son mandat si la direction “laisse faire”.
Le lendemain, la sanction tombe
Le 27 février 2019, soit le lendemain de ce courriel, le vice-président de Diagnostica Stago date, signe et adresse un avertissement disciplinaire au délégué syndical CGT.
La lettre reprend les griefs évoqués la veille : publication sur le site du syndicat des documents électoraux sans anonymisation lors du premier tour des élections professionnelles.
Le rapprochement chronologique entre la demande CFTC et la décision de la direction ne laisse guère de doute : la sanction a été déclenchée sur commande.
Une neutralité syndicale mise à mal
L’article L2141-5 du Code du travail interdit à l’employeur toute ingérence dans la désignation ou le fonctionnement des organisations syndicales.
En cédant à la pression d’une organisation pour en sanctionner une autre, la direction de Stago a franchi la ligne rouge de la neutralité syndicale.
Ce manquement porte atteinte à la liberté d’action des représentants du personnel, un principe fondamental du dialogue social.
Un chantage social implicite
Dans son courriel, la déléguée CFTC met en balance la poursuite de son mandat et l’attitude de la direction.
Ce qui s’apparente à une forme de chantage syndical trouve un écho immédiat dans la réaction hiérarchique du lendemain.
La direction, au lieu de garantir la sérénité du débat syndical, choisit son camp.
Un précédent lourd de sens
L’affaire illustre un mécanisme dangereux : celui d’un management qui, plutôt que d’arbitrer, se laisse instrumentaliser par les rivalités intersyndicales.
Au-delà du cas individuel, c’est la crédibilité du dialogue social qui s’en trouve fragilisée.
La leçon de 2019
Six ans plus tard, cette affaire reste emblématique d’une dérive où connivence et pouvoir disciplinaire de l’entreprise deviennent un instrument d’influence syndicale.
La CGT Stago continue de défendre une vision claire :
La liberté syndicale n’est pas un privilège ; c’est un droit garanti par la loi, et la neutralité de l’employeur n’est pas une option, c’est une obligation.
Prochain épisode :
“Ils voulaient nous virer du local CGT pour offrir les clés à un syndicat fantôme.”
Une histoire de murs de verre, de caméras, et d’un drôle de sens du dialogue social.
